Bénéfice d’un dispositif animé pour l’illustration du code de la route chez des candidats sourds : évaluation comportementale et physiologique
Composition du Jury :
Pr. Jacqueline Leybaert, Rapporteur, LCLC, ULB
Pr. Eric Jamet, Rapporteur, LP3C, UR2
Pr. Mireille Bétrancourt, Présidente, TECFA, UNIGE
Dr. Sébastien Scannella, Examinateur, ISAE, SUPAERO
Pr. Jean-Michel Boucheix, Directeur de thèse, LEAD, UBFC
Dr. Laurence Paire-Ficout, Co-Encadrante, LESCOT, UGE
Dr. Antonio Hidalgo-Muñoz, Co-Encadrant, CLLE, UT2
Résumé
La loi handicap, adoptée le 11 Février 2005, aspire à ce que les personnes en situation de handicap bénéficient des mêmes conditions d’accessibilités que tout citoyen français. Le permis de conduire, de par son apport sur la mobilité, représente un des leviers majeurs de l’accessibilité générale d’un individu. Sa réussite permet d’améliorer l’insertion sociale et professionnelle. Cependant, d’après un rapport parlementaire de 2005, le taux de réussite des candidats sourds à l’examen théorique du code de la route, permettant d’accéder à l’examen pratique du permis de conduire, était inférieur à celui des entendants. Ce travail de thèse s’intéresse plus précisément à l’une des possibles causes expliquant ces différences, l’utilisation d’images pour illustrer des situations routières dynamiques. Avec un tel format de présentation, les candidats n’auraient pas accès aux informations spatio-temporelles permettant de prendre une décision adaptée. Afin de combler ce manque, l’inférence mentale du dynamisme serait alors nécessaire. Cependant, cet exercice cognitif pourrait être d’autant plus complexe pour les personnes sourdes. En effet, en l’absence d’audition, les estimations temporelles seraient moins précises. L’utilisation d’un dispositif basé sur une animation pourrait résoudre ces contraintes. Grâce à celui-ci, le dynamisme serait directement transmis, évitant la nécessité de réaliser son inférence. De plus, l’animation permettrait aux personnes sourdes de s’appuyer plus aisément sur les indices spatiaux pour faire des estimations temporelles, ce qui pourrait combler leurs difficultés. Afin d’évaluer l’efficacité de l’animation, une tâche de prise de décision impliquant des situations routières présentées à partir d’images ou d’une animation a été mise au point. Les participants devaient estimer s’ils avaient le temps de réaliser une action de conduite (e.g., dépasser un véhicule). Des mesures comportementales (i.e., nombre d’erreurs et temps de décision) ont premièrement été utilisées afin d’évaluer les performances associées à chaque type de format de présentation. Deuxièmement, des mesures physiologiques, provenant de données oculométriques (i.e., fixation oculaire et variation pupillaire) et de données associées à l’activité cérébrale ont été recueillies et analysées afin de mieux comprendre les processus perceptifs et cognitifs mis en jeu dans le traitement d’une animation. L’ensemble des résultats obtenus permet d’évaluer l’intérêt de l’animation au sein du matériel du code de la route et de fournir des perspectives pédagogiques plus larges pouvant être adaptées à d’autres publics ou à d’autres contextes d’apprentissage. De plus, ces résultats visent également à affiner la compréhension du système cognitif des personnes sourdes afin de fournir des supports de présentation qui leurs seraient plus adaptés.
Mots clés : Surdité, Code de la route, Accessibilité, Animation, Temps, Physiologie