Un des premiers problèmes que les enfants rencontrent quand ils doivent apprendre leur langue maternelle est que la parole est un signal continu : il n’existe pas d’indices universels et systématiques permettant de trouver les frontières des mots à l’oral. Même une fois que les mots ont pu être isolés, il faut encore que les enfants trouvent leur signification. Découvrir le sens des mots pourrait être facilité en ayant accès à certains aspects de la structure syntaxique des phrases mais comme la syntaxe définit les relations entre les mots dans les phrases, il semble nécessaire d’avoir accès aux mots et à leur signification pour pouvoir apprendre la syntaxe de sa langue maternelle. Pour résoudre ce problème de circularité (problème d’initialisation), nos recherches s’appuient sur l’hypothèse d’initialisation phonologique et proposent que des indices de bas niveau, directement présents dans le signal de parole, auraient un rôle primordial dans les premières étapes de l’acquisition du langage. Les deux indices que nous étudions sont les informations prosodiques – variations de rythme et d’intonation – et les mots grammaticaux – articles, pronoms, auxiliaires… (Christophe, Millotte, Bernal & Lidz, 2008). Des expériences, essentiellement basées sur des techniques comportementales auprès de bébés, d’enfants et d’adultes, essaient de mieux comprendre leurs rôles respectifs dans (1) la segmentation des phrases en mots, (2) l’identification des noms et des verbes (Bernal, Lidz, Millotte & Christophe, 2007), et (3) la construction d’un squelette syntaxique et l’analyse syntaxique en temps réel (Millotte, Wales & Christophe, 2007 ; Millotte, René, Wales & Christophe, 2008).